vendredi, janvier 16, 2009

Vu de ras les flaques d'amertume.


  
photo d.m.


Participation de Denis Marulaz à l’atelier d’écriture en ligne sur le thème de la Ville avec François Bon.



Ville-Lumières. Noël J-2. Perspective Zéro.,

Long déroulement d’un fil lisse sans reflets. Ou si peu. Estompé. A perte de vue. Sans horizon. Sans.
Pas de souvenir primal. Plus. Effacé. Comme le reste.
Que le fil qui déroule. Bobine bête. Sans frémissement, sans ondulation, sans vagues, linéaire.
Linéarité têtue, linéarité fade, lisse.
Deux dimensions : Ici, Maintenant. Perspective Zéro.
Ici, maintenant. Sans avant, sans après. Pays de l’abandon. Du dépôt. Tartre de vie.
Fil déroulant sans but, sans justification, juste fil tendu au travers de l’espace.
Et l’homme, au fil de son fil, à la vie glissante et aveugle. Vide. Vide.
 
Dans la fournaise, pourtant, cerné, englué, au feu vif du Monde, de leur Monde.
Leur Monde, celui des autres. Tous les autres.
Vibrillonnant, bruissant, rampant, chenillant, arpentant, cabriolant, carambolant.
Leur Monde grouillant sans répit, à marche forcée, à ventre ouvert.
Le Monde des dentus, des mille crocs, leur Monde de mâchoires, d’appétits, d’assouvissements, leur Monde de gouffres affamés, leur Monde aux yeux fous.
 
Dans leur labyrinthe. Leur labyrinthe aux langages codés.
Tout codé.
De la taille du chien en laisse au claquement des pompes en cuir neuf sur le pavé millénaire. Clignements des paupières, aboiements des klaxons, conjugaison des pierreries et des fards, accents, postures, regards, tout codé, tout, tout est langage, mimiques, interpellations, avertissements, invitations, exécutions.
Remous perpétuel, brassement pulsionnel.
 
Et l’homme, au fil de son fil lisse, errant à la vague des eaux noires du non-Monde.
 
Les cavernes éclatantes de lumières mielleuses, bruissant comme des ruches aux feux d’août. Ca rentre là-dedans à pleines ventrées, les yeux creusés comme des estomacs de sangsues, les envies à fleur d’âme, les consciences ne sont plus que désir, que vouloir, que possession. Avoir. Avoir. Avoir !
 
Arracher à tout prix les strass du Monde et s’en parer de toute l’aire de ses envergures, s’orner du feu de toutes les dorures, s’emmitoufler des peaux rares des bêtes du fond des jungles expirantes – rien à faire des jungles, des bêtes, des expirations ultimes- avoir avoir avoir, paraître, paraître, paraître, briller, briller, briller, s’aveugler soi-même de sa propre prestance, de son propre savoir-paraître, s’hypnotiser à son propre reflet pétillant d’artifices, dissimuler à tout prix sa propre animalité sous d’épaisses couches de poudre aux yeux.
Paraître, acheter, claquer son or sec et orgueilleux au nez des autres. J’achète donc je suis.
 
Et l’homme, balloté au fil de son fil lisse, errant à la vague des eaux noires de la non-lumière.
 
J’ai vu je veux, j’ai vu je veux je veux je veux je…
Pouvoir-vouloir : jouissance, nirvana.
Vouloir- assouvir. Sans restrictions. Le sens-même d’être, de vivre.
 
Direction les cavernes rutilantes, les trésors sine qua non.
Les sacs en papier « High-Class » gonflés d’envies réalisées, à bout de bras, à pleines poignées. Des sacs gorgés, mystérieux, mystiques, débordant de futilités incontournables, indispensables.
Dans les rues dégoulinantes de lumières collantes, des files et des files de fourmis acheteuses aux bras lourds de paquets dorés et aux yeux révulsés sur des fantasmes de possessions, d’assouvissement. Des hordes de fourmis ivres déambulent, de caverne en caverne, de tentation en tentation, croyant à chaque acquisition atteindre les portes du « Vrai Bonheur ».
 
Et l’homme, suivant le fil de son fil lisse, au bord de leur flot rugissant, invisible, néantisé.
 
Les fourmis, claquant des mandibules, des milliards de mots naissent de leurs mastications et s’embrouillent en un fatras assourdissant, discordant, nauséeux, à l’écho de leur vacuité.
 
Il suffirait de cent mots nobles pour refaire le Monde. Cent !
 
Mais pas les mots de leurs mandibules, pas le grinçaillement des fourmis trépanées.
 
« Cicatrisez vos plaies d’envies inassouvies au feu des liqueurs d’acides. Carbonisez vos heures vives au zinc de nos comptoirs aux alouettes ! Que feriez-vous de votre temps, de vos débordantes réserves de temps, si l’on ne les sollicitait à des festins de comble-ennui, de comble-misère ? Jetez vos jours, vos années infertiles, à la fureur débridée des agapes futiles ! Broutez à satiété le foin tendre et molasse du temps perdu. Buvez à veines retroussées les breuvages qui rongent jusqu’à l’os l’organe inutile de votre dignité. Venez en nos antres anesthésier le spleen de vos âmes sourdement anxieuses. »
 
A la marge des squares glauques et des rues tapageuses, l’homme suit le fil de son fil, lisse, sans avant, sans après…
 
Bisness’ men / women, Technico-Commerciaux . Bisness’ men/ women, Technico-Commerciaux.
Cravate, attaché-case, poupées Barbie, gominés, épilés jusqu’à l’âme, éradiqués du bulbe, stylo bandé, portable bourdonnant, lâchés par millions à l’assaut de la société des hommes. Un phylloxéra, la peste des temps modernes. Des hordes incultes, analphabètes, doryphores cravatés déferlant sur la civilisation. Le monde ne sera plus jamais le même : l’Homo-commercialus-cravatus aura tout phagocyté, tout digéré, tout régurgité. Nos enfants apprendront à lire sur des catalogues internet et des brochures publicitaires.
Métro, 7 heures du mat. Mille millions d’incultes à mallette, mille millions de poupées de cire Staraquifiées, prennent leur giclée aseptisée de « 20 mn » ou de « Métro ». Grignotent, aspirent, digèrent les mêmes articles, les mêmes réclames. Formatage. Modelage. Vitrification.
Deux milles millions de têtes, une seule culture, une seule vision, un seul projet : vendre. Vendre. Vendre.
 
Hors de ça, perdu dans quelle sensation d’être étranger à sa propre espèce, l’homme suit le fil de son fil, lisse, monocorde, sans début, sans fin, sans ondulation, sans rien, sans plus rien.
 
Que diront les gens cravatés, les poupées Barbie, quand ils trébucheront au petit matin blême sur le corps du pantin au fil brisé ?
 
Que ça porte malheur de croiser un mort de bon matin ?
 
Qu’on pourrait placer les clochards dans des foyers, que ça fait drôle dans la rue, au milieu des gens normaux ?
 
Qu’y faut espérer que les flics convoquent pas les gens pour témoigner, avec toutes les courses qu’y’a encore à faire pour Noël ?
 
Qu’y fait vraiment froid, la preuve, et qu’y faut que Paul m’achète absolument le beau manteau que j’ai vu chez… ?
 
Que jamais ça m’arrivera à moi, plutôt bosser vingt heures par jour, que finir comme ça… ?
 
Que c’est pas à çui-là que j’aurais pu vendre la « Maison de vos rêves » en trente annuités, canapé similicuir offert par la « Boite » en cadeau de bienvenue?
 
Que « Merde, tu parles d’un cadeau d’anniversaire ! Il aurait pas pu attendre demain ? » ?
 
Que que que…
 
Juste une loque, un pantin désarticulé, tout raide, un fil de vie coupé net, gisant sur le trottoir givré. Un fil sans utilité, tombé là, par hasard, sans avant, sans après, sans histoire visible.
 
La trace de rien.
 
De rien d’important, aux yeux d’un nouveau Monde. D’une nouvelle « Humanité ».
En Ville- Lumières. Noël, J-2.



D.M. Janvier 2009



samedi, janvier 10, 2009

Bêtes du diable, fatalement???

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dessin d.m.
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Comment des humains, au nom d'un soit-disant "Dieu d'Amour et de Paix", peuvent-ils hacher-menu des femmes et des enfants???
Qui osera affirmer que les jours heureux de demain naîtront de ces carnages?
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dimanche, janvier 04, 2009

PALESTINE, l'injustice pour toute Terre




photos d.m.
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Ce peuple dont la terre se dérobe sous les pas à chaque instant hurle à l'injustice depuis des temps et des temps. Peuple à qui l'on compte chaque grain de sable brûlant qu'on lui concède, peuple entassé sur des confettis, peuple cerné de murs dentus, peuple à qui l'on refuse d'être un peuple, c'est à dire une famille humaine sur sa terre cultivée et fertile. Et l'on martyrise ces gens qui se rebellent et demandent leur dû. Qui ne demandent que JUSTICE.

Jusqu'à quand durera ce scandale planétaire?
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