mardi, juin 18, 2013

quat' p'tites chansons d'l'amour...

Photo D.M. tirée des archives du temps du Marché de la Création à Lyon 


En septembre l'année passée, un jeune "théâtreux" du sud de la France me sollicitait pour écrire quelques chansons devant figurer dans une création de spectacle-cabaret. Le thème: un jeune couple de gays monte un Cabaret, c'est la première, on évoque les numéros proposés sur l'affiche, la vie intime du couple et ses avatars...
Je me suis engagé pour quatre ou cinq textes (d'autres auteurs aussi...), finalement, comme je suis très pris par l'Expo DOUTE à Lyon, et que le temps imparti est très court (spectacle prévu en décembre !) je me limite à quatre chansons. La dernière a été livrée le 29 octobre.
Ont-elles été inclues dans le spectacle? Celui-ci a-t-il eu lieu? 
I don't know, aucune nouvelles...
Toujours est-il que ces chansons ont été écrites, je les dépose dans ces pages bien volontiers, des fois qu'elles attirent l'attention de quelqu'un...
Ces textes sont déposés à SACD/SCALA, comme l'ensemble de ma création.


Chanson 1


C'est l'soleil qui s'est levé...

T’sais quoi t’sais quoi, Patty
Depuis le soir de l’ouverture
Depuis l’premier lever d’rideau
Le monde pour moi
L’a plus les mêmes couleurs
La même saveur
C’est plus du gris
C’est plus du noir
C’est plus d’l’amer à boire
C’est plus du jus de désespoir
C’est le soleil qui s’est levé
Sur not’ chemin de liberté.


Comme j’ai eu peur
Les jours d’avant
Qu’on ait mal ficelé not’ truc
Qu’les gens viennent pas
Qu’on nous savonne la planche
Que les artistes nous fassent faux bond
Qu’ce soit des bides à chaque seconde
Comme j’ai trouillé
A ces pensées !
Mais t’étais là à me booster
C’est le soleil qui s’est levé
Sur not’ chemin de liberté.


Y’a des jours comme ça, Patty
Quand on était en plein chantier
Qu’y’avait du plâtre partout
En plein milieu des pots de colle et du papier
Y’a eu du blues dans mon cœur
Et combien de fois j’ai chialé
Quand t’avais le dos tourné
Quand du haut de l’escabeau
Tu m’demandais d’accélérer
Souvent j’ai failli flancher mais
C’est le soleil qui s’est levé
Sur not’ chemin de liberté.


Et ce vertige du vide, Patty
Quand y sont v’nus pour la sécurité !
Sûr, j’me disais, y vont décréter
Qu’on a tout faux, tout bidouillé
Qu’l’électricité va imploser
Que le plafond va s’craqueler
Que le plancher va s’effondrer
Que la sortie est mal placée
Et qu’y faut tout tout tout recommencer !
Mais t’avais trop bien assuré, Patty
C’est le soleil qui s’est levé
Sur not’ chemin de liberté.


C’est bien fini les cauchemars
Les crises de larmes, les coups d’cafard
Toutes ces nuits blanches à gamberger
Sur les factures, les impayés, les comptes bloqués
Y’a plus qu’le bonheur, le succès
Le rire des gens émerveillés
Les heures de folie à danser
A se saouler de gin et d’thé glacé
A te croquer des yeux
Quand tu souris pour la télé !
C’est le soleil qui s’est levé
Sur not’ chemin de liberté !


Chanson 2

Le plus bath des cabarets

T’es chez Patty et l’môme Fantin
Deux gars super qui s’aiment ça comme
Des p’tits perdreaux qu’ont la gambiche
Qui s’font leur trou dans l’artistoche.
Le grand, là-bas, en salsifis,
Qui s’gratte le pif et les balloches,
C’est l’ex-girlfriend du vieux d’ma vioque,
L’est là pour jouer les durs et la vidoche.


Ref :
Allez, p’tite cocotte en papier
Pose ton p’tit cul su’ l’canapé
T’vas voir tu vas t’marrer
C’est le plus bath des cabarets !


Tiens, goutte-moi ça, Bichoune à moi,
C’est pas du jus d’rutabaga
Ca vient direct des caves à bulles
‘core une combine au Merluchot
C’est ben moins cher qu’la Veuve Cliquot
Mais pour la rote c’est tout pareil
Même si y brûle la tuyaut’rie
Et creuse des trous dans le calcif.


Ah ben ça y’est, v’là Cunégonde
Qui ouvre le bal et sa p’tite gueule
Ça grince un peu mais c’a du charme
E’ t’fait pleurer ou pisser d’rire
Ca dépend des hormones du jour
Mais son truc, c’est d’te prendre aux tripes
‘vec des histoires de mouscaillons
Et des purées en amerloque.


Ah, pis çui-là, le vieux prophète
Avec sa barbe de saperlope
Y t’ raconte tous les maux d’ la Terre
Depuis Crésus et compagnie
Et v’là qu’ tu t’ marres comme une baleine
En écoutant ses hécatombes
Ses Jarnicots, ses trouffigniades,
Ses prises de cul, ses prises de guerre.


Ouv’ bien tes yeux, ma ‘tite fontaine,
Çui-ci surtout faut pas l’zapper
Gaffe, y va lâcher ses fauves
Dans le public et tout l’berzingue
Planque tes nénés et ton joufflu
Ça t’bouffe tout cru, ces bestiaux-là,
Les puces savantes du Père Lapluche
Sont plus dentues qu’une vache d’huissier !


Ah ben voilà, c’est l’heure des larmes
Pour l’ cœur qui fond au saxophone
Remets tes pointes, on va danser
Se frotter un peu les jambons
Dis-moi qu’tu m’aimes et tout l’toutim
Que t’as le cœur en berlingot
Qu’on a tout l’temps et toute la vie
Pour s’tricoter not’ vidéo.


Salut les potes, ‘soir les artistes
Merci beaucoup pour la bourlingue
La ch’tiote elle a les yeux qui brillent
Comme quand j’lui fais des tours d’valdingue.
Sans dec’, ici, on y pass’rait sa vie
C’est comme un p’tit coin d’paradis
Où c’qu’les emmerdes y restent dehors
Avec les daubes et les cloportes.


Chanson 3

C’est pas facile de vivre heureux…

Ça va, e’t’plait la ‘tite cocotte
On dirait qu’t’en as qu’pour lui
Dès qu’y rapplique t’as l’œil qui frise
Tu t’colles la mèche, tu t’ripolines
Tu t’mets en frais, tu t’mobilises
Tu fais ta belle et tu l’courtises
Sourire de miel et œil de biche
La main qui traine à fleur de ch’mise.


Ref :
C’est pas facile de vivre heureux
Dans la fureur de la nuit
Puisqu’amours sont remis en jeu
Au tapis vert des envies.


Quand j’pense à tout c’que j’ai donné
Pour qu’tu sois où t’es arrivé
Tout le pognon que j’ai claqué
Pour faire d’un rêve la réalité
Un rêve à deux, ça se respecte
Ça se balance pas au panier
Pour un clin d’œil, un baiser volé,
Pour une passade, un gag raté.


Même pas tu parles, tu réagis,
Même pas t’essaies de t’expliquer
Ça fait des jours que j’te supplie
De me dire toute la vérité.
Tu as trop honte, peur d’avouer
Qu’ tu tires un trait sur le passé
Que j’peux aller me rhabiller
Avec ma gueule de fleur fanée.


On a vécu tant de belles choses
Des heures divines dans l’Cabaret
Ce lieu est né de not’ désir
De not’ passion de notre amour
Et y m’faudrait tout oublier
Faire ma valoche et m’en aller
Laisser la place au gigolo
Que zyeute Môssieur, qui l’fait bander ?


Ce qu’on a construit ensemble
Quand tu m’aimais à la folie
Construit comme on fait un enfant
Et chaque jour et chaque nuit
Je ne pourrai plus m’en passer
T’as pas le droit de m’évincer
De me jeter, de m’remplacer
Par cette petite frappe du pavé.


J’veux plus l’revoir ici, ce type
J’veux plus qu’y t’parle, qu’y t’aguiche
Qu’y s’pavane et qu’y s’la pète
Avec ses airs de fils d’évêque
J’veux plus sentir son eau d’Cologne
Et ses relents de crème de jour
J’veux qu’y sache que c’est fini
Qu’y déjà un homme dans ta vie !


Chanson 4

C’est OUAT c’est OUAM

C’est ki c’est ki
Le beau Tarzoon
Qui ribouldingue
Les biscoteaux
Sous un tee-shirt
A la James Dean ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
Le Zébulon
Qui se tortille
Comme un roseau
Sous la caresse
Du Sirocco ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Le mat d’cocagne
Qui offre cru
A mes envies
Sa rouge grenade
Et ses kiwis ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
Le tit Pierrot
Qui s’entortille
Au clair de lune
Au mauve granit
De ton menhir ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Le big gorille
Qui met l’chantier
Dans ma tignasse
Au tsunami
De ses mille doigts ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
La soprano
Qu’a déchiré
De ses cris bleus
Le tissu tiède
De la nuit ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Le constrictor
Qui se faufile
Plein de malice
Dans l’interstice
De mes délices ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
La tite souris
Qui s’lisse les yeux
Et les moustaches
En attendant
Qu’tu lui souries ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Le malabar
Qui joue aux dés
Sur le comptoir
En f’sant semblant
Que chuis pas là ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
La bête blessée
Qui tire des coups
De révolver
De ses yeux rouges
De trop pleurer ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Le beau Zorro
Que les p’tites frappes
Reluquent en douce
En s’tripotant
Les abricots ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
Qu’a les larmouilles
Qui dégoulinent
Dans son tonic
Et son rimel
Sur ses godasses ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Qui fait comme si
De rien n’était
Qui rit au ciel
Et au soleil
Et sans vergogne ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
La tige tendre
Qui se voudrait
Tronc de bois dur
Un Superman
Un Goldorak ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Le chevalier
En Chevignon
Qui m’offre des fleurs
Et du parfum
Pour son pardon ?
C’est OUAT
C’est OUAT !


C’est ki c’est ki
La fleur ouverte
Qu’a oublié
A tout jamais
La rage passée
Les temps mauvais ?
C’est OUAM
C’est OUAM !


C’est ki c’est ki
Ce corps-à-corps
Ce grand vertige
Ce lèvres-à-lèvres
Ce tourbillon
Ce grand manège ?
C’est OUAT
C’est OUAM
C’est OUAT
C’est OUAM
C’est OUAT
C’est OUAM
C’est Nous
C’est Nous
C’est Nous !



Textes déposés à SACD/SCALA