mercredi, décembre 28, 2022

UN JOUR, UN PROJET "CABARET"

(En 2014, à Lyon, un jeune Auteur de Théâtre me contacte car il vient d'écrire une pièce qui conte le Projet de deux jeunes Hommes en couple qui veulent ouvrir un CABARET dans la "Grand' Ville". Cet Auteur, Nicolas DESNOUES, depuis monté à Paris, me demande si je puis lire sa pièce et écrire quelques chansons pour lui donner une dimension de "Comédie Musicale". L'idée me plait bien et quelques semaines après, je lui lis et remets quatre textes que m'ont inspirés sa Pièce et ses Personnages. Ce sont ces quatre chansons que je dépose ici. De cet Auteur qui est monté à la Capitale juste après, je n'ai plus eu de nouvelles et ne sais si son projet de spectacle a pu se réaliser... Peut-être un jour l'apprendrai-je, par hasard... Bonne lecture à vous ! )

 

 



C’est le soleil qui s’est levé…

 

T’sais quoi t’sais quoi, Patty

Depuis le soir de l’ouverture

Depuis l’premier lever d’rideau

Le monde pour moi

L’a plus les mêmes couleurs

La même saveur

C’est plus du gris

C’est plus du noir

C’est plus d’l’amer à boire

C’est plus du jus de désespoir

C’est le soleil qui s’est levé

Sur not’ chemin de liberté.

 

Comme j’ai eu peur

Les jours d’avant

Qu’on ait mal ficelé not’ truc

Qu’les gens viennent pas

Qu’on nous savonne la planche

Que les artistes nous fassent faux bond

Qu’ce soit des bides à chaque seconde

Comme j’ai trouillé

A ces pensées !

Mais t’étais là à me booster

C’est le soleil qui s’est levé

Sur not’ chemin de liberté.

 

Y’a des jours comme ça, Patty

Quand on était en plein chantier

Qu’y’avait du plâtre partout

En plein milieu des pots de colle et du papier

Y’a eu du blues dans mon cœur

Et combien de fois j’ai chialé

Quand t’avais le dos tourné

Quand du haut de l’escabeau

Tu m’demandais d’accélérer

Souvent j’ai failli flancher mais

C’est le soleil qui s’est levé

Sur not’ chemin de liberté.

 


Et ce vertige du vide, Patty

Quand y sont v’nus pour la sécurité !

Sûr, j’me disais, y vont décréter

Qu’on a tout faux, tout bidouillé

Qu’l’électricité va imploser

Que le plafond va s’craqueler

Que le plancher va s’effondrer

Que la sortie est mal placée

Et qu’y faut tout tout tout recommencer !

Mais t’avais trop bien assuré, Patty

C’est le soleil qui s’est levé

Sur not’ chemin de liberté.

 

C’est bien fini les cauchemars

Les crises de larmes, les coups d’cafard

Toutes ces nuits blanches à gamberger

Sur les factures, les impayés, les comptes bloqués

Y’a plus qu’le bonheur, le succès

Le rire des gens émerveillés

Les heures de folie à danser

A se saouler de gin et d’thé glacé

A te croquer des yeux

Quand tu souris pour la télé !

C’est le soleil qui s’est levé

Sur not’ chemin de liberté !

 

 


 Le plus bath des cabarets

 

T’es chez Patty et l’môme Fantin

Deux gars super qui s’aiment ça comme

Des p’tits perdreaux qu’ont la gambiche

Qui s’font leur trou dans l’artistoche.

Le grand, là-bas, en salsifis,

Qui s’gratte le pif et les balloches,

C’est l’ex-girlfriend du vieux d’ma vioque,

L’est là pour jouer les durs et la vidoche.

 


Ref :

Allez, p’tite cocotte en papier

Pose ton p’tit cul su’ l’canapé

T’vas voir tu vas t’marrer

C’est le plus bath des cabarets !

 

Tiens, goutte-moi ça, Bichoune à moi,

C’est pas du jus d’rutabaga

Ca vient direct des caves à bulles

‘core une combine au Merluchot

C’est ben moins cher qu’la Veuve Cliquot

Mais pour la rote c’est tout pareil

Même si y brûle la tuyaut’rie

Et creuse des trous dans le calcif.

 

Ah ben ça y’est, v’là Cunégonde

Qui ouvre le bal et sa p’tite gueule

Ça grince un peu mais c’a du charme

E’ t’fait pleurer ou pisser d’rire

Ça dépend des hormones du jour

Mais son truc, c’est d’te prendre aux tripes

‘vec des histoires de mouscaillons

Et des purées en amerloque.

 

Ah, pis çui-là, le vieux prophète

Avec sa barbe de saperlope

Y  t’ raconte tous les maux d’ la Terre

Depuis Crésus et compagnie

Et v’là qu’ tu t’ marres comme une baleine

En écoutant ses hécatombes

Ses Jarnicots, ses trouffigniades,

Ses prises de cul, ses prises de guerre.

 

Ouv’ bien tes yeux, ma ‘tite fontaine,

Çui-ci surtout faut pas l’zapper

Gaffe, y va lâcher ses fauves

Dans le public et tout l’berzingue

Planque tes nénés et ton joufflu

Ça t’bouffe tout cru, ces bestiaux-là,

Les puces savantes du Père Lapluche

Sont plus dentues qu’une vache d’huissier !

 

Ah ben voilà, c’est l’heure des larmes

Pour l’ cœur qui fond au saxophone

Remets tes pointes, on va danser

Se frotter un peu les jambons

Dis-moi qu’tu m’aimes et tout l’toutim

Que t’as le cœur en berlingot

Qu’on a tout l’temps et toute la vie

Pour s’tricoter not’ vidéo.

 

Salut les potes, ‘soir les artistes

Merci beaucoup pour la bourlingue

La ch’tiote elle a les yeux qui brillent

Comme quand j’lui fais des tours d’valdingue.

Sans dec’, ici, on y pass’rait sa vie

C’est comme un p’tit coin d’paradis  

Où c’qu’les emmerdes y restent dehors

Avec les daubes et les cloportes.

 

 

 

 

C’est pas facile de vivre heureux…

 

Ça va, e’t’plait la ‘tite cocotte

On dirait qu’t’en as qu’pour lui

Dès qu’y rapplique t’as l’œil qui frise

Tu t’colles la mèche, tu t’ripolines

Tu t’mets en frais, tu t’mobilises

Tu fais ta belle et tu l’courtises

Sourire de miel et œil de biche

La main qui traine à fleur de ch’mise.

 

Ref :

C’est pas facile de vivre heureux

Dans la fureur de la nuit

Puisqu’amours sont remis en jeu

Au tapis vert des envies.

 

 

Quand j’pense à tout c’que j’ai donné

Pour qu’tu sois où t’es arrivé

Tout le pognon que j’ai claqué

Pour faire d’un rêve la réalité

Un rêve à deux, ça se respecte

Ça se balance pas au panier

Pour un clin d’œil, un baiser volé,

Pour une passade, un gag raté.

 

Même pas tu parles, tu réagis,

Même pas t’essaies de t’expliquer

Ça fait des jours que j’te supplie

De me dire toute la vérité.

Tu as trop honte, peur d’avouer

Qu’ tu tires un trait sur le passé

Que j’peux aller me rhabiller

Avec ma gueule de fleur fanée.

 

On a vécu tant de belles choses

Des heures divines dans l’Cabaret

Ce lieu est né de not’ désir

De not’ passion de notre amour

Et y m’faudrait tout oublier

Faire ma valoche et m’en aller

Laisser la place au gigolo

Que zyeute Môssieur, qui l’fait bander ?

 

Ce qu’on a construit ensemble

Quand tu m’aimais à la folie

Construit comme on fait un enfant

Et chaque jour et chaque nuit

Je ne pourrai plus m’en passer

T’as pas le droit de m’évincer

De me jeter, de m’remplacer

Par cette petite frappe du pavé.

 


J’veux plus l’revoir ici, ce type

J’veux plus qu’y t’parle, qu’y t’aguiche

Qu’y s’pavane et qu’y s’la pète

Avec ses airs de fils d’évêque

J’veux plus sentir son eau d’Cologne

Et ses relents de crème de jour

J’veux qu’y sache que c’est fini

Qu’y déjà un homme dans ta vie !

 

 

C’est OUAT c’est OUAM

 

C’est ki c’est ki

Le beau Tarzoon

Qui ribouldingue

Les biscotos

Sous un tee-shirt

A la James Dean ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 


C’est ki c’est ki

Le Zébulon

Qui se tortille

Comme un roseau

Sous la caresse

Du Sirocco ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 


C’est ki c’est ki

Le mat d’cocagne

Qui offre cru

A mes envies

Sa rouge grenade

Et ses kiwis ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 

C’est ki c’est ki

Le tit Pierrot

Qui s’entortille

Au clair de lune

Au mauve granit

De ton menhir ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 

C’est ki c’est ki

Le big gorille

Qui met l’chantier

Dans ma tignasse

Au tsunami

De ses mille doigts ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 

C’est ki c’est ki

La soprano

Qu’a déchiré

De ses cris bleus

Le tissu tiède

De la nuit ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 

C’est ki c’est ki

Le constrictor

Qui se faufile

Plein de malice

Dans l’interstice

De mes délices ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 

C’est ki c’est ki

La tite souris

Qui s’lisse les yeux

Et les moustaches

En attendant

Qu’tu lui souries ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 

C’est ki c’est ki

Le malabar

Qui joue aux dés

Sur le comptoir

En f’sant semblant

Que chuis pas là ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 

C’est ki c’est ki

La bête blessée

Qui tire des coups

De révolver

De ses yeux rouges

De trop pleurer ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 

C’est ki c’est ki

Le beau Zorro

Que les p’tites frappes

Reluquent en douce

En s’tripotant

Les abricots ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 

C’est ki c’est ki

Qu’a les larmouilles

Qui dégoulinent

Dans son tonic

Et son rimel

Sur ses godasses ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 

 

C’est ki c’est ki

Qui fait comme si

De rien n’était

Qui rit au ciel

Et au soleil

Et sans vergogne ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 

C’est ki c’est ki

La tige tendre

Qui se voudrait

Tronc de bois dur

Un Superman

Un Goldorak ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 

C’est ki c’est ki

Le chevalier

En Chevignon

Qui m’offre des fleurs

Et du parfum

Pour son pardon ?

C’est OUAT

C’est OUAT !

 

C’est ki c’est ki

La fleur ouverte

Qu’a oublié

A tout jamais

La rage passée

Les temps mauvais ?

C’est OUAM

C’est OUAM !

 


 

C’est ki c’est ki

Ce corps-à-corps

Ce grand vertige

Ce lèvres-à-lèvres

Ce tourbillon

Ce grand manège ?

C’est OUAT

C’est OUAM

C’est OUAT

C’est OUAM

C’est OUAT

C’est OUAM

C’est Nous

C’est Nous

C’est Nous !

 



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Textes et Illustrations-Photos "ambiancées" D.M. alias Hombre de Nada 2014-2022.