vendredi, avril 15, 2022

Ces autres Novembre

 

 

 


P
ar centaines, par milliers

À l’ombre des clochers

Sont sortis les boiteux

Les goitreux, les pouilleux

Les anonymes héros

De la Grande Dernière.

Pas un ne manquait

Au Festin-Souvenir

Le gazé, le manchot

Tous porte-drapeaux

Serraient sous la pluie

Leurs corps de clodos

Aux mines pathétiques.

On est venu pleurer un frère

Un parent, un ami

Dont les os ont pourri

Sous un autre Novembre.

Et l’on revoit l’image

D’un jeune homme élevé

Pas encore papa

Mais presque marié.

On était beau

On était glorieux

D’un avenir heureux

D’un enfant à venir.

On avait dans la tête

Des projets à combler

Des filles à embrasser

Des parents à aimer.

On avait dans le cœur

Des idées avancées

Le socialisme mondial

On se disait Jaurès.

Cette Guerre qu’on vous a donnée

Comme seule alternative

À votre Liberté

Comme but final

Pour la Prospérité

Vous l’avez refusée

Pour cette Liberté

Pour cette Postérité

Mais vous y êtes allés

Et ils y  sont restés.

 

 

 

Aujourd’hui les vieux

Les boiteux, les goitreux

Les pouilleux

Les héros anonymes

Ont sorti les médailles

Les drapeaux

Les « cocorico ».

Ils viennent s’abreuver

Du sang des morts

Des larmes des veuves

Ils sont fiers de l’avoir faite

D’avoir tuer des boches

Ils sont de vrais Héros

Ces débris, ces sacs d’os

Ils ont vu mourir leur frère

Leur parent, leur ami

Mais ils la pleurent

Cette guerre bénie

Ce sacré bon vieux temps

Où l’on savait mourir.

C’était tout autre chose

Que ces jeunes hippies

Qui se tiennent à l’écart

Des actes d’héroïsme

Qui n’en ont quelque-part

Que pour bestialement jouir

Au lieu de sacrifier

À la Mère-Patrie.

Pour avoir connu

Les misères de la guerre

Les massacres sans fin

Les fleuves d’hémoglobine

Pour avoir enterré

Les copains de tranchées

Pour y avoir laissé

Une main ou un pied

On aurait pu penser

Qu’ils seraient vaccinés

Qu’ils auraient inhumé

En même temps le passé

Mais c’est mal connaitre

L’esprit d’homo sapiens

Et c’est bien là réflexe

De jeune bon à rien.

Bien sûr c’est notre guerre

Bien sûr qu’on en est fier

Bien sûr que s’il fallait

On recommencerait !

Plus contre l’Allemagne

Les Russes ou l’Angleterre

Mais il y a bien encore

Dans les fonds de la jungle

Ou dans une oasis

Une tribu sauvage

Une horde païenne

Qu’on ira un beau jour

Pour la Gloire de la France

Chasser de son lopin

Les armes à la main !

 


 

 

 

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Texte et Illustrations-photos D.M. alias Hombre de Nada 1974-2022.

 

 

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