mercredi, mars 21, 2012

Pour cette soirée du 20 mars au CARRE 30, MERCI !!!

Lecture en duo avec Marine DESAUTELS. Photo SAFRAN.



Le livre publié aux Editions Fibres du Monde 10 euros


J’en connais des qui vont regretter de ne pas avoir vécu cette lecture de « Aux alentours de nulle part » hier soir au CARRE 30 ! Quel moment !

Le théâtre était rempli, comme pour mes précédentes prestations, les fidèles amis étaient là et de nouvelles personnes aussi !

Nous avons inversé l’ordre habituel de la soirée : d’abord la « Scène ouverte » où quelques textes furent dits puis la lecture programmée.


Du texte intégral, j’avais sélectionné une petite moitié, soit environ cinquante minutes de lecture. Marine DESAUTELS et moi avons répété une bonne douzaine de fois, à deux lectures par séance, notant l’un et l’autre tout ce qui devait être amélioré. Une vraie grande complicité dans le travail.


Hier soir, nous nous sentions prêts, je vous l’avais écrit il y a quelques jours. Prêts et surtout motivés !


Nous n’avons pas joué la facilité ! Ce texte est dru, puissant, dérangeant, peut-être. Tissée d’émotions lumineuses et d’images parfois insupportables, cette œuvre demande une grande qualité d’écoute et la confiance du public. Les personnes qui viennent écouter mes textes savent que mes mots vont fatalement bousculer certaines certitudes dans ce que peut sembler être la « normalité » de la vie et du format de la Société des hommes. D’autres partiraient en courant, mon public fidèle s’ouvre aux visions, souffre et s’émeut aux jaillissements des images.


Notre devoir de lecteurs, à Marine et moi, était de faire en sorte que rien ne vienne gripper le déroulement du fil, que la partition que nous avions écrite en parfait accord lâche ses notes selon le rythme et la puissance qu’imposait l’épanouissement harmonieux du texte.


Cela s’est passé sans aucune anicroche. Marine a été formidable ! Toutes les craintes, les doutes, ont été mis de côté dès notre entrée sur scène. Pas une seconde ne fut bradée, hésitante. Une « course de fond » gérée de bout en bout. Et le public a suivi, se laissant entrainer dans ce monde pourtant cauchemardesque que nous lui dévoilions. Parce qu’il sait que mes mots sont sincères, mes textes visionnaires et mon « Acte du Dire » vierge de toute espèce d’esbroufe. Rien que du partage de douleur et d’espoir. Rien que cela. Avec les mots qu’il faut, je pense. En tout cas, je m’y attache.


Bon Dieu, quel bonheur, à la fin, cette longue caresse d’applaudissements ! Comme j’étais heureux pour elle, pour nous, pour les mots rudes ou tendres qui avaient été reçus et acceptés comme un cadeau amical !


Et ce plaisir, ensuite, des retrouvailles, des félicitations, des dédicaces, des verres vidés en toute convivialité, avec le sentiment d’avoir vécu tous ensemble un beau moment d’humanité et de Poésie !


Merci encore, Marine, le Carré 30, les Editions Fibres du Monde, Rems qui a réalisé la bande son, tous les amis parfois venus de loin et ceux qui nous ont soutenus par la pensée ou en nous laissant sur internet des signes d’amitié…


Avec Marine, on s’est dit qu’on remettait ça. Le plus vite possible !

Avis aux amateurs de lectures publiques!

D.M.


vendredi, mars 16, 2012

C'est tout bientôt ! Mardi 20 mars à 20h00 ...

Le livre artisanal et cependant publié aux Editions Fibres du Monde


... le premier soir du printemps. Lecture de mon nouveau texte poétique "Aux alentours de nulle part", en compagnie de Marine DESAUTELS, au Théâtre du CARRE 30 à Lyon.
Un texte âpre, profond, désespéré. Quelques moments de lumière pourtant, dans un monde chaotique, en liquéfaction.
"Tout ça pour ça", hurle la vieille femme, du haut de la falaise.
Et oui! Nous avons déclenché le cataclysme et tout sera englouti.
Alors que nous avions tout en nous pour briller comme des soleils...


... Les fleuves ocre

Les fleuves jaunes
Les fleuves lie-de-vin
Les fleuves épais
Les fleuves
Aux déhanchements de voyous
Les fleuves aux crues d’ivrognes
Les fleuves d’éructations glaireuses
Et de sourds hoquets
Les fleuves aux épaules
D’acier bleu et fonte rouge
Les fleuves lâchés
Abandonnés
A leur inertie
De bêtes brutes
Roulent
A crime ouvert
Aux lits rocailleux
Des pentes déversantes.


Les fleuves courent
Ahuris de puissance
A l’assaut
Des fétus
Soyeux
Du vivant.
De leurs muscles
De vives eaux
De leurs ahanements
De bœufs au labeur
Les fleuves arrachent
Sous leurs ventres furieux
Les couches immémorées
De galets endormis.


Fleuves de marteaux épais
Fleuves d’enclumes massives
Fleuves de poings ossus
Fleuves de menaces
Fleuves de haines rudes
Fleuves de craquements
Fleuves d’écrasements
Fleuves béliers
Fleuves torsus de taureaux furibonds
Fleuves
Roulent
Roulent
Roulent
A l’assaut
Des fétus
Soyeux
Du vivant.


Flic floc flac flac
Flic floc flac flac
Chaque goutte
Pissée Dieu sait d’où
A la gueule du Monde
Engraisse le sang mauve
Des fleuves
Et se donne à fondre
Malfaisante
Sournoise
Au corps insaisissable
Qui submergera tout.
Chaque goutte compte.
Ca en fera du submergement
Ca en fera…



A cette occasion, sera présenté le livre, artisanal mais publié aux Editions Fibres du Monde, émulation toute récente de l'association L'Altern'Active que nous avons créée il y a trois ans de cela. C'est le deuxième bouquin après "Trois p'tits coquelicots" et un autre, photos de SAFRAN, est en préparation.

vendredi, mars 02, 2012

J'ai abandonné un vieux compagnon...

J’ai abandonné un vieux compagnon. Lui et moi, on a fait la route ensemble, inséparables, fûmes-nous. Il m’a sauvé la vie, grâce à lui, je n’ai pas été contraint à la rue et à ses misères.
Lui, c’est la fourgonnette J5 Peugeot que j’ai acquise en 2001-elle avait déjà presque vingt ans- quand on m’a appris que je devais quitter mon petit cabanon dans les vignes du centre-Var. Au chomdu, incapable de payer un loyer, je me suis réfugié dans ce que j’appelais mon « Escargal ». Nous nous sommes installés à Toulon, dans les rues calmes du Faron ou sous les pins au dessus du parking des Lices. Je passais mes journées au « Café-Lecture » où j’étais animateur, et certains après-midi à converser avec les joueurs de boules. Avec lui, je suis monté à Forcalquier et Embrun pour suivre ma formation BEATEP Théâtre. En 2003, je suis monté, pour m’y installer et peut-être bosser, à Forcalquier. Cela a duré deux ans et demi, dormant dans l’Escargal la nuit, sous les châtaigniers de la piscine, ou à côté du cimetière, à portée de main de la fontaine toute fraîche et qu’un pacifique crapaud avait choisi comme paradis personnel. La journée, à Forcalquier, je descendais dans le petit garage que me louait une vieille dame du village et où j’avais installé mon premier « atelier » de livres. C’est dans ce local froid, humide mais tranquille, que furent imprimés, cousus, peinturlurés, mes fameux livres artisanaux aux couvertures de papier peint et reliés de ficelle de maçon. Il m’en reste quelques exemplaires, on les trouve quelque part en photo sur mon blog…
La nuit, je remontais dormir dans l’Escargal. Parfois, avec d’autres « Fourgonneux », on organisait un petit repas convivial et on parlait de la vie, de voyages, de rencontres, de parcours errants…
L’Escargal, discret et refermant en lui une atmosphère quelque peu romantique, abrita, sous son air patelin, des heures de passion coquine et amoureuse que partageait dans mes bras la si tendre et belle C…
Et puis la page Forcalquier s’est refermée. Fin 2005, j’ai dirigé mes rêves vers Lyon, espérant que là, mon écriture et moi trouverions un généreux espace d’épanouissement… Deux mois de rue, encore, stationné dans un quartier de Villeurbanne. Mais là, en ville, ça n’avait plus rien de champêtre, de quiet. Circulation, bruit, grande difficulté pour trouver des points d’eau, des toilettes…
Alors, association de réinsertion, aide à la recherche de boulot, d’un logement…
Et c’est ainsi que j’ai atterri au foyer Sonacotra de Tassin la Demi-lune. Janvier 2006.
Dans la jungle et l’enfer réunis. Mais avec un toit sur la tête et une douche quotidienne.
Fin de la vie en camionnette.
Mais l’Escargal et moi, on faisait tous les dimanches, la sortie au « Marché de la Création », sur les quais de Saône, à Lyon. Pour montrer mes livres. Et essayer d'en vendre... Départ de Tassin à six heures, sortie du tunnel de Fourvière, hop, tout de suite à droite, direction les Quais de Saône, et voilà, Quai Romain Rolland, trouver une bonne place de parking. Tchatcher avec les collègues artistes, les bises qui claquent, le café sorti du thermos… Le stand qu’on installe, les rires, les engueulades… Et puis les gens qui arrivent, peu à peu, les flâneurs, les qui regardent, les qui s’en foutent, des bouquins au père Denis…
Et puis treize heures, on remballe, t’as vendu, c’est chouette, ça fait chaud au cœur, t’as la banane, t’as rien vendu, tu hais la planète, tous des cons, et quand-même, les « au revoir », parfois la mousse qu’on va se boire à trois ou quatre, quand il a fait si chaud sous les tentes…
Retour au foyer, les cartons à remonter au quatrième et demi sans ascenseur…
Quatre ans et demi, ça a duré, le « Monde des déjetés » de Tassin.
Et puis, un jour d’avril 2010, j’emménage en plein Lyon, quartier de la Guillotière. Dans un petit, tout petit appart’, mais, putain, tranquille, tranquille ! Finis, les tarés, les haineux, les tordus du foyer ! Les douches pleines de sang, les chiottes tapissées de merde, les plaques chauffantes tartinées de spaguetti ou de poisson pourri. Fini !
Mais voilà, en pleine ville, que faire de l’Escargal ? Trop haut pour rentrer dans les parkings, il dort dans la rue, il y rouille, il s’y dégrade. Et surtout, il y subit la connerie d’une jeunesse en déserrance morale.
-Hé ! T’as vu la vieille camionnette ? Si on lui tordait les essuie-glaces ? Si on y arrachait les rétroviseurs ? Ouarf Ouarf ! Keskonsmarre ! Et les poignées de portières ? Ha ! J’voudrais voir la gueule du gus, demain, quand y verra ça !
Au bout d’un an et demi, une épave. Un tas de ferraille. Juste parce qu’on vit dans un monde de cons.
Alors, hier, j’ai décidé que c’était fini. Mon Escargal, mon compagnon, mon sauveur, mon complice, mon toit, ma chambre, mon sein chaud, je l’ai déposé dans une casse du coin. Et je suis reparti, avec juste le porte-clés de cuir rouge. Et le sentiment d’avoir vécu de drôles d’années d’errance.
D.M.
Une grande partie de ces situations sont évoquées dans ma pièce "Dissolution d'un ectoplasme". Pièce à lire sur:
http://denismarulaz-dissolution.blogspot.com/