mardi, juin 18, 2019

Poème "A l'agonie"

  Un bloc-notes à spirale de 160 feuilles. Il vient de refaire surface dans mon placard à documents. La dernière fois que je l'ai ouvert, c'est en août 2015 quand j'y ai écrit ma pièce "Châtillon 2036 ou Rien n'est jamais acquis à l'Homme...". Je le rouvre donc pour voir ce que j'y avais déposé, la pièce, donc, que j'ai écrite en partant de la dernière feuille. Mais à l'endroit, alors, les premières feuilles, que contiennent-elles ? Six feuillets, un poème titré "A l'agonie", que j'ai oublié depuis...depuis... 2015 ? 2014 ? Avant ? Je ne sais plus. 
Il est temps que je le libère et qu'il vive sa vie ! 
Grace à vous, peut-être...


Illustration-photo D.M.




 
A l’agonie

A l’agonie,
Echappée
Des fournaises
Du Monde.

Déambulation
Saccadée
De corps
Qui s’arrachent péniblement
Au destin furibond.

Vent furieux
Déchiqueté vif
Aux griffes du roncier
Etirant aigre
Ses râles
De perdu.
En tout et pour tout
Mordre ses dents
Pour colmater
Sa faim tyrannique.

Repas
D’épines sèches
Et de lames
Brûlantes.
Labouré
Jusqu’au dur
Des os,
Plaie béante,
Universelle.

Je vois surgir
A chaque instant
De vos lumières douteuses
L’horreur d’un Monde.

Le tulle de la mariée,
Agrippé aux dents
De la ronce,
Crissement
Hurlement
De paix brisée.

Sitôt jeté
Sitôt éteint,
L’appel…
Juste flotte
Et se sublime
Le filet gris
D’un instant de détresse.

A l’éclair cinglant
Du destin fou
Se dévoilent,
Hirsutes,
Les ombres
Des âmes
Chahutées.

Cela crisse
Noir et ocre
Sous le feu
De l’orage.

La brume
A rafraichi
La plaie…
Mais, le souvenir
De la cinglante
Brûlure…

Silhouettes longilignes
Ondoyantes,
Aspirées
Au bouillonnement
Blond
De l’astre…

Ravageuses
Eclaboussures
Des amours forcenées
De la roche
Et de la vague.

Ni fureur
Ni colère
Ni bruit…
La griffe
Déchire l’onde
Et la paix de l’onde.
Juste parce qu’il en est ainsi,
Depuis la première heure
Du premier jour,
Juste parce qu’éraillement,
Froissement,
Déchiquètement,
Annihilation,
Ensevelissement,
Oubli,
Sont destin universel
De toutes choses.

Aigre grelot
Des bambous secs
Au jeu
Des sarabandes
Sardoniques,
Des vents
Débridés
Caustiques
Hargneux.

Tout s’effrite
Se dissout
S’émiette
Des rêves des Hommes.
Il ne restera
Pierre sur pierre
En vérité,
Juste foisonnement
De buissons hargneux
Sur la peau craquelée
Des cadavres d’Empires…


Denis Marulaz alias Hombre de Nada 2019.




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