mardi, août 15, 2006

Elle...











Elle, la timide, la douce, la poétesse…



La lune s’éveille, roussâtre,
loin, derrière les buissons noirs,
molle et chaude
de lourd sommeil.

Se chuchotant des listes de noms
dès lors perdus,
fraternisant,
s’encourageant l’un l’autre en
remâchant sourdement
d’épaisses menaces,
la piétaille glaiseuse, hérissée
de piques grasses, projetant
par instants les éclairs
de ses lames encore chaudes
abandonne la flaque glauque,
fuyant comme cloportes
le feu qui s’allume
à la braise nocturne.






 

Le silence s’est fait,
pas un insecte
pas un rongeur
pas une âme.


Rien ne bouge plus
que le disque blanc
qui glisse lentement
à son zénith


Et se fige

Et pleure ses larmes
de glace.


Elle,
la timide, la douce, la poétesse,
la curieuse, la danseuse,
l’assoiffée des braises tièdes
et des chants de la nuit
a plongé son appel
dans les yeux grand-ouverts
de la mère et l’enfant.


Quelle brûlure de froid
dans ces yeux vides,
quelle morsure glacée
dans ces cœurs arrachés.









Rien ne réchauffera
plus jamais ces deux-là,
ni leurs membres écartelés
ni leurs bouches agrandies
en un sourire macabre
ni leurs ventres ouverts
qui se donnent
à manger à la terre
ni leur sang jeune et chaud
mélangé à jamais
aux atomes de glaise
dans cette alchimie fétide
de la vie, de la mort.

On la croirait vivante,
scintillante du bonheur d’être nôtre,


Elle frissonne
elle grelotte,
elle claque des dents
et d’horreur
et de froid.










Depuis des temps et des temps que,
chien fidèle, elle s’attache
à nos pas, qu’elle efface, généreuse,
nos cauchemars d’enfants
perdus
de ses caresses tièdes,


Une fois, une seule fois,
a t-elle effleuré nos tristes
horizons d’hommes
sans qu’on lui jette au visage
quelque goutte de sang,
sans qu’on trouble son errance
des volutes cramoisies
d’un bûcher ?










Si l’on pouvait

Une nuit, une seule nuit
de paix,
de calme,
sans flammes
sans couteaux,


Juste pour le repos
de ceux qui déjà sont passés,
juste pour nourrir l’espérance
des enfants qui arrivent,
chauds, vivants,
sous son regard
de chien fidèle


Et triste…




Texte déposé à SACD/SCALA
Illustrations de l'auteur.




 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ciel, que j' aimerais qu' un jour, un seul jour et tous ceux qui suivent ce soit possible...