Par centaines, par milliers
À l’ombre des clochers
Sont sortis les boiteux
Les goitreux, les pouilleux
Les anonymes héros
De la Grande Dernière.
Pas un ne manquait
Au Festin-Souvenir
Le gazé, le manchot
Tous porte-drapeaux
Serraient sous la pluie
Leurs corps de clodos
Aux mines pathétiques.
On est venu pleurer un frère
Un parent, un ami
Dont les os ont pourri
Sous un autre Novembre.
Et l’on revoit l’image
D’un jeune homme élevé
Pas encore papa
Mais presque marié.
On était beau
On était glorieux
D’un avenir heureux
D’un enfant à venir.
On avait dans la tête
Des projets à combler
Des filles à embrasser
Des parents à aimer.
On avait dans le cœur
Des idées avancées
Le socialisme mondial
On se disait Jaurès.
Cette Guerre qu’on vous a donnée
Comme seule alternative
À votre Liberté
Comme but final
Pour la Prospérité
Vous l’avez refusée
Pour cette Liberté
Pour cette Postérité
Mais vous y êtes allés
Et ils y sont restés.
Aujourd’hui les vieux
Les boiteux, les goitreux
Les pouilleux
Les héros anonymes
Ont sorti les médailles
Les drapeaux
Les « cocorico ».
Ils viennent s’abreuver
Du sang des morts
Des larmes des veuves
Ils sont fiers de l’avoir faite
D’avoir tuer des boches
Ils sont de vrais Héros
Ces débris, ces sacs d’os
Ils ont vu mourir leur frère
Leur parent, leur ami
Mais ils la pleurent
Cette guerre bénie
Ce sacré bon vieux temps
Où l’on savait mourir.
C’était tout autre chose
Que ces jeunes hippies
Qui se tiennent à l’écart
Des actes d’héroïsme
Qui n’en ont quelque-part
Que pour bestialement jouir
Au lieu de sacrifier
À la Mère-Patrie.
Pour avoir connu
Les misères de la guerre
Les massacres sans fin
Les fleuves d’hémoglobine
Pour avoir enterré
Les copains de tranchées
Pour y avoir laissé
Une main ou un pied
On aurait pu penser
Qu’ils seraient vaccinés
Qu’ils auraient inhumé
En même temps le passé
Mais c’est mal connaitre
L’esprit d’homo sapiens
Et c’est bien là réflexe
De jeune bon à rien.
Bien sûr c’est notre guerre
Bien sûr qu’on en est fier
Bien sûr que s’il fallait
On recommencerait !
Plus contre l’Allemagne
Les Russes ou l’Angleterre
Mais il y a bien encore
Dans les fonds de la jungle
Ou dans une oasis
Une tribu sauvage
Une horde païenne
Qu’on ira un beau jour
Pour la Gloire de la France
Chasser de son lopin
Les armes à la main !
Texte et Illustrations-photos D.M. alias Hombre de Nada 1974-2022.
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