Les ans qui passent
Et qui s’allongent
À tire de temps
À tire d’ailes
Comme les Corbeaux
De la Mort
Se vautrent
Sur mes épaules
D’Homme usé
Qui va mourir.
Les ans m’ont vu
Dans la folle jeunesse
De mon âge
Embrasser à bouche
Que veux-tu
Les lèvres tendres
De la Vie
Le sein tendu
Du Bonheur
Qui se donne.
Les ans ont fait
De mon visage d’enfant
La forêt vierge
D’une barbe fournie
Dont mes petits-enfants
Arrachaient un à un
Les fils de la trame
S’entrainant par cela
Pour quelque histoire d’Amour
À l’effeuillage des marguerites.
Les ans ont voulu
Par leurs vents glacés
Envoler de mon crâne
Encore fier et pensant
La toison que jadis
Coiffait souvent ma Mère
Comme pour une fille
Tant elle dégoulinait
En avalanche d’or
Sur mes épaules nues.
Les ans ont vidé
Sans que j’m’en aperçoive,
Alors que je croyais
A ma virilité
Alors que, le dos pliant
Je draguais la « Minette »,
Mes batteries génitales,
Perles de mon anatomie,
De leur fluide d’Amour
J’peux plus prendre mon pied !
Les ans m’ont balafré
De leurs griffes pointues
Au-dessus des sourcils
Aux commissures des lèvres
De larges cicatrices
Qui, comme les cercles du bois,
Indiquent au tout-venant,
En sombres caractères
Que la chose exposée
Est presque centenaire.
Les ans qui se bousculent
Au funeste portillon
De mon calendrier,
Ces ans qui fredonnent
Le fatal Requiem
Quand je ferme les yeux,
Ces ans qui se couchent
Sur la paillasse pourrie
De mon corps effondré
Ces ans qui me dévorent,
Je les laisse m’étrangler
Je les en remercie
Ils ne savent pas, les bougres,
Que du haut de ma mort,
Intouchable enfin
Heureux intemporel,
Sans façon je les renvoie
Par mon inexistence
Rejoindre le rang d’oignons
De Dame l’Eternité !
Texte et Illustrations-Photos D.M. alias Hombre de Nada 1974-2022.
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