Puisqu’il faut qu’un de nous
S’en aille le premier
Voguer dans la Grande-Ourse
Son temps de trépassé,
Qu’on me laisse, s’il vous plait,
La lanterne à la main,
Le soin de défricher
Le funeste chemin.
Vous n’aurez qu’à vous dire
Que c’est bien par orgueil,
Être premier à partir
Que j’ai tourné de l’œil,
Vous n’aurez qu’à penser
Que moi, vieux dégueulasse,
J’aime à vous voir pleurer
Du fond de ma carcasse.
Je suis un égoïste
Je ne veux pas souffrir
A voir quitter la piste
Un à un mes amis,
La mort est trop cruelle
Pour que je la supporte
Compagne éternelle
De mes gens qu’elle emporte.
J’aurai pas le courage
De continuer à vivre
Le reste de mon âge
Privé de vos sourires,
Je préfère m’en aller
Dans les sphères secrètes
Avant que vous songiez
A prendre la retraite.
Au travers des nuages
Vous me verrez parfois,
A ch’val sur les étoiles
Pendant mon long voyage ;
En été, sur la plage,
Vous pourrez écouter
Mon fantôme chanter
Au creux des coquillages.
Là-haut je préparerai
Les cartes, le whisky,
Un à un vous viendrez
Quand le cœur vous en dit.
Un beau jour enfin
Le dernier arrivera
Par ce long chemin
Qui se refermera.
Nous irons boire, peut-être,
A l’auberge de Bacchus
Un vin qui tourne la tête
Quand trop on en abuse.
Puis nous irons semer
Au soleil levant
Des perles de rosée
Sur la Terre des vivants.
Texte et Illustration-Photos D.M. alias Hombre de Nada 1974-2022
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